Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, je vous ay bien vollu advertir de ce que c’est faict
2en ceste ville, qu’est que lundy au soir, environ la minuict,
3a esté descouvert par ceulx de la garde de la porte du cymeutiere
4quelques-ungs auprès des murailles ; et ainsi que la sentinelle
5les descouvra, leur criant, eulx, se sentans descouvertz,
6tirarent à la sentinelle quelques arquebusades, dont tout
7à ung coup l’alarme fut par toute la ville. Et estant le
8popullas esviés, se sont mys à cryer qu’il falloyt tuer tous les
9huguenaultz, et moy, sentant la furye du popullas et entendent
10leur intention, me suys forcé qu’ilz ne fissent aulcung desordre
11dans la ville ; avec les principaulx d’icelle, n’avons sceu si
12bien faire qu’il n’ayent tué Le Bury de Vaneau et sa femme,
13et ung nommé Fontani et Balthezar Guerre, l’armurier, et
14Anthoine le Goytreu, bien blessé et heuz beaucop à faire de le
15pouvoir sauver, et feuz en grand danger de ma vye, et
16tous ceulx qu’estoient avecques moy. Bien est vray que,
17auparavant que l’alarme se donnast, furent quatre hommes
18masqués qu ’allarent tuer ledit Bury Vaneau et sa femme dans
19son lict et croys fermement pource que avoit bruict d’avoir
20de l’argent, que l’on a donné ceste larme expressement
21pour avoir ledit argent. Et à ce qu’on dict, on luy a prins
22huict ou neuf cens escus argent monnoye et cinq ou six
23cens escus en des bagues. Je n’avoys aulquunes novelles
24de par-deçà, sinon que l’on m’a faict entendre que monsieur
25le mareschal d’Anville est arrivé en Avignon, là où est
26ce que porte toute l’intention du roy, et croys que n’est
27guières à l’advantaige de ceulx de la relligion, et que
28[v°] l’on a faict dessendre de la citadelle de Lyon trente pieces
29dartilherie pour les faire dessendre au long du Rosne. Et croys
30que c’est pour venir à Orenge, car le roy a deliberé de
31s’en saysir et dellà à Nismes, dont ledit seigneur Danville
32a expres comandement du roy de bien nettoyer son gouvernement
33de ceste vermine. Nous huguenaultz se astent fort d’aller à la
34messe, et croys que devant que soyt huict, il n’y aura pas
35ung que n’y aille. Que sera par fin, après vous avoir
36supplyé de regarder là où je seray propice à vous servir,
37m’y employant le seray d’aussi bonne vollonté que m’en
38voy recomander bien humblement à votre bonne grace, priant
39Dieu vous donner,
40Monsieur, en parfaicte sancté, heureuse et longue vie. De Sisteron,
41ce huictiesme octobre 1572,
42Votre plus humble et plus affectionné à
43vous faire service.
44Je[an] Troissant
45Je vous supplye, si avez
46aulquune chose de nouveau,
47de m’en faire parti